Tout est dit, ((trop dit) (mais)) rien n’est fait

Textes d’Alvaro García de Zúñiga

Composition de Philippe Boivin

Interprétation du Quintette Turbamulta

LE PROJET ARTISTIQUE

Alvaro García de Zúñiga était poète, musicien, metteur en scène et réalisateur, uruguayen de Paris, nationalité : étranger. Né à Montevideo, le 17 Janvier 1958, il finit ses jours à Lisbonne, le 23 Avril 2014.

Alvaro a laissé une œuvre prolifique partiellement publiée. 

Philippe Boivin était le compositeur français qu’Alvaro appréciait le plus. Il a joué Philippe au violon.

Après sa mort, l’association blablaLab, active depuis 1996, s’est formellement constituée pour conserver et diffuser son œuvre. 

Doté d’une intelligence transversale, Alvaro situe toujours son œuvre à cheval entre plusieurs formes. A travers l’écrit, le son, l’image fixe ou en mouvement, le théâtre, s’interpénètrent et s’éclatent pour devenir toujours autre chose. « Le poème était la somme des formes au sein desquelles il se sentait toujours à l’étroit ». Cette citation, attribuée à Akenaton, figure en exergue de son œuvre finale et totale, « Manuel », et représente, en quelque sorte, le travail d’Alvaro sur les formes : il s’essayait toujours à les étirer jusqu’au bout, voire au-delà. 

Œuvre immense, à la mesure du regard qu’Alvaro portait sur le monde, sur les autres, auxquels Alvaro réservait une disponibilité elle aussi sans limites. Son œuvre réfléchit ce regard capable d’appréhender l’humanité toute entière, et ce dans une langue souple, inventive, dense de références, en même temps que rigoureuse et mathématiquement structurée, comme peut l’être une œuvre musicale.

C’est peut-être pour cela qu’Alvaro souhaitait que Philippe compose sur ses textes. C’est ce souhait qui nous amène ici aujourd’hui. Avec Eduardo Raon, musicien, membre de l’association blablaLab, nous avons lancé à Philippe le défi de dédier à Alvaro une œuvre écrite pour le quintette de musique contemporaine portugais Turbamulta formé de Joana Sá (piano), Luís Martins (guitare), Luís Ferreira (violoncelle), Eduardo Raon (harpe) et Nuno Aroso (percussions).

Une œuvre posthume devient nécessairement hybride, faite du mélange de ce qu’a créé son auteur et de la « mise en corps » de ses interprètes. Alvaro s’y est longtemps préparé. Son œuvre est faite « pour » ; pour être appropriée, sa forme interne se continue en s’épanchant sur les autres. C’est une œuvre intrinsèquement collective.

A cette forme, Alvaro a donné un nom : « Manuel sur Scène »[1] ; c’est ce modèle que nous avons suivi pour établir le montage des textes qui structurent la proposition de départ qui a pour titre : « Individu sujet à être Humain S/T ». Dans ce montage initial, nous avons cherché les points de liaison entre les différents textes choisis par les musiciens. Nous savons que toute l’œuvre d’Alvaro s’organise dans un système complexe qui forme un monde en soi. Trouver les résonances entre les textes implique trouver les fils internes qui les relient. Ensuite il y a l’ordre, le rythme, les dynamiques, un travail organique à développer. Pour la proposition de départ, on commence par établir la situation : être sur scène ; qui est sur scène ? Ensuite le texte-paysage S/T – sans titre – car c’est d’un objet plastique qu’il s’agit. Une réflexion-poème sur le dit, le pensé et l’écrit, secouée par un accident, des consignes de sécurité, la prolifération des langues, le comptage à rebours jusqu’à l’un des plus anciens poèmes connus, le Dialogue du Désespéré avec son Âme, pour finir avec un final car, comme nous le savons tous :

« Tout est dit, ((trop dit) (mais)) rien n’est fait. »

Teresa Albuquerque

NOTE D’INTENTION MUSICALE

Amorcé en septembre 2019 à la Casa de Mateus dans le cadre d’une résidence de création avec le quintette Turbamulta (guitare, harpe, violoncelle, piano et percussions), « Individu sujet à être Humain S/T » est un projet de spectacle d’une quarantaine de minutes dont l’œuvre d’Alvaro De Zuniga constitue la colonne vertébrale. Déclamés, psalmodiés et pourquoi pas (en)tonnés par les musiciens eux-mêmes, les textes sélectionnés offrent aux interprètes l’occasion de devenir les protagonistes assumés d’une forme de représentation musicale originale, multilingue et polyphonique dont l’ultime compréhension ne peut appartenir qu’au public.

Dans ce drame sans histoire, chaque musicien navigue dans un espace acoustique élargi (jeu vocal, extensions électroacoustiques et diverses transformations instrumentales en « live ») au sein d’un archipel en perpétuelle mutation. La forme se déploie, se désagrège et se recompose de manière organique en jouant de la vaste combinatoire offerte par cet ensemble atypique – du solo au quintette en passant par de multiples densités intermédiaires – pour faire émerger des rencontres sonores inouïes. Ainsi, une interminable énumération de codes informatiques peut constituer le « cantus firmus » idéal d’un jeu contrapunctique virtuose confié au guitariste usant de modes de jeux percussifs ; tandis que le violoncelliste tente de ramener le calme en égrenant avec un sérieux tout aussi décalé la lecture d’une notice de sécurité aéronautique. A moins qu’une improbable fugue à 5 voix, tissée dans un langage imaginaire empruntant aux racines ibériques et lusitaniennes, ne vienne soudain anéantir toute velléité d’installer une quelconque logique autre que musicale, dès lors que langue et commentaire instrumental ne font plus qu’un.

Pétri d’humanisme, Alvaro restait discret sur son propre travail créatif, tout impliqué qu’il était à mettre sa contagieuse énergie au service du bien-être des artistes qu’il appréciait et dont j’ai eu la chance de faire partie. La conscience de l’ampleur et de la qualité de ses travaux – peut-être même leur démesure – m’est apparue plus tard et, avec elle, l’envie grandissante de leur offrir un écho musical. Je crois qu’Alvaro aurait vraisemblablement savouré un tel détournement posthume de son œuvre, hommage sonore d’une profonde amitié qui prendrait nos semblables à témoin, au-delà du temps qui nous a provisoirement séparés.

Philippe Boivin

NOTES BIOGRAPHIQUES

Alvaro Garcia de Zúñiga

Montevideo, 17 janvier 1958, Lisbonne, 23 avril 2014.

Musicien, écrivain, auteur

Formé essentiellement en musique (élève de Norbert Brainin, Sergio Prieto – violon – et de Roque de Pedro – composition), il se dirige peu à peu du théâtre musical vers le théâtre tout court, et à partir de là court par tous les cour(t)s de la littérature. L’écriture le mène à la mise en scène et à la réalisation cinématographique et radiophonique.

Poète, Garcia de Zúñiga a fait de la langue (des langues) la matière première de son travail créatif, une langue musicale, visuelle, une langue inventée, vidée, détruite-reconstruite, génératrice de sens/sons multiples. Une langue passe-partout finalement, une langue sans nationalité spécifique qui s’amuse à se croiser avec d’autres langues, à déstructurer la hiérarchie des conventions linguistiques. Une langue élastique où la norme ne s’impose pas et où la différence est la bienvenue. Une langue régie par trois mots : étrange, logique, musique.

Plusieurs de ses textes ont fait l’objet de mises en scène de l’auteur et/ou de lectures publiques. Il a réalisé plusieurs films, pièces audio et de théâtre radiophonique/art acoustique. 

Avec Teresa Albuquerque, il a créé en 1996 blablaLab, un laboratoire de projets transversaux et multidisciplinaires développés fondamentalement à partir de ses textes.

Philippe Boivin

France, 1954, Compositeur

Il étudie la musicologie à la Sorbonne, l’harmonie au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et la composition à l’École normale de musique de Paris avec Max Deutsch. Il suit l’enseignement d’André Riotte sur la formalisation des structures musicales à l’Université de Vincennes et approfondit la thématique « Musique et Mathématique » avec Iannis Xenakis.  Il se forme par ailleurs aux nouvelles technologies musicales à l’IRCAM et obtient une bourse pour étudier au Center for Music Experiment de l’Université de San Diego (Califormie). Dès 1983, Il entreprend des recherches personnelles dans le domaine de la composition Musicale Assistée par Ordinateur afin de développer son propre environnement informatique. Son travail aboutit à la conception du logiciel Opus, lequel fait régulièrement l’objet de communications scientifiques (IRCAM, GRAME) ou de présentations “tout public” dans les conservatoires de musique ou les structures de diffusion musicale.

Sensibilisé aux questions de l’enseignement et de la transmission des savoirs, Philippe Boivin développe une forte activité pédagogique depuis 1990. Il multiplie notamment les conférences et résidences dans les conservatoires et universités. La Casa de Mateus (Portugal) l’a invité en résidence de 1997 à 1999 avec le soutien de la Fondation Gulbenkian. L’Académie de France à Rome – Villa Médicis – l’a accueilli en 2015 pour rédiger un article publié par l’IRCAM dans “The OM Composer ‘s Book.3“ (Éditions Delatour). Il s’implique également dans le domaine de la médiation culturelle (concerts commentés) en tant que responsable de la programmation musicale de la Ville d’Ivry-sur-Seine de 1999 à 2007. Il dirige ensuite le Centre de Formation des Musiciens Intervenants d’Aix-Marseille Université de 2008 à 2017. 

Son catalogue se compose d’œuvres aux effectifs variés, du soliste à l’orchestre (Concerto pour alto et orchestre créé par Gérard Caussé et le Nouvel Orchestre Philharmonique à la Maison de la Radio), avec une prédilection pour les formations de chambre. Il s’est également intéressé au théâtre dans son alliance avec la musique : Zab ou la passion selon Saint Nectaire, pour contrebasse solo, créé par Jean-Pierre Robert au Festival d’Avignon ; Ce soir on improvise…,  musique de scène pour la pièce de Luigi Pirandello donnée au Théâtre des Quatiers d’Ivry, et à la pédagogie de la musique contemporaine : Ouverture pour orchestre d’harmonie (commande-mission du Ministère de la Culture) ; Photo de Classe pour 12 clarinettes ; Météoriques, oratorio pour baryton, musiciens solistes, orchestre symphonique, orchestre à l’école et chœurs d’enfants créé par l’Ensemble C Barré et l’orchestre d’Aix-Marseille Université, en partenariat avec le CFMI d’Aix-en-Provence. Citons encore quelques jalons, dont la série Domino, dédiée à des artistes de renom : Domino I pour piano (Jean-François Zygel) ; Domino II pour violoncelle (Alain Meunier) ; Domino III pour timbales (Michel Gastaud) ; Domino IV pour quatuor à cordes (Quatuor de l’Ensemble InterContemporain) ; Domino V pour vibraphone (Gérard Pérotin). Notons également : Big Bug pour six percussionnistes, créé par les Percussions de Strasbourg au Centre Pompidou et repris à l’Opéra Bastille ; Concerto pour cuivres et percussions, donné par l’ensemble Ars Nova au Festival Musica de Strasbourg ; Star Burst, interprété par Le Concert Impromptu sur une chorégraphie de Jim May (compagnie Anna Solokow de New York) ; Tri Bhuwana pour 12 voix mixtes et gamelan, composé dans le cadre de Marseille Provence, capitale européenne de la culture 2013 et rejoué au festival Détours de Babel à Grenoble par l’ensemble vocal Musicatreize et le gamelan Bintang Tiga ;Revenantes pour 12 voix de femmes, violoncelle et petit chœur, créé par Nicole Corti (chœur Britten), Anne Gastinel (violoncelle) et un chœur de femmes détenues au centre pénitentiaire de Lyon-Corbas, dans le cadre de la biennale Musiques en scène de GRAME.

La SACEM a décerné à Philippe Boivin le Prix de la meilleure œuvre pédagogique en 1985, le Prix de Composition Georges Enesco en 1988 et le prix de composition Pierre et Germaine Labole en 2002 pour l’ensemble de son œuvre. En 2018, il s’est vu décerner le Prix de l’Enseignement Musical par la Chambre syndicale des Éditeurs de Musique de France (CEFM)

« Il aime les sons forts, comme chauffés au soleil, et aussi le souffle léger des voix qui traversent l’instrument, les multiphonies fragiles, les silences, les résonances, certains échos tenus qui en disent autant que les moments où l’énergie coule à flots. Il y a aussi un amour lointain du free-jazz, et une orchestration à facettes, à moments presque monodiques, rugueux, où il explore minutieusement les alentours d’un son. »

Michel Thion, La musique contemporaine en France

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Eduardo Raon

Lisbonne, 1978. Harpiste, compositeur, interprète

L’activité professionnelle d’Eduardo Raon, principalement musicale mais aussi en partenariat avec d’autres domaines artistiques, a débuté en 1998.  En tant qu’harpiste, il joue de la musique contemporaine, improvisée et nouvelle, ainsi que de la pop et du jazz. Il est le harpiste attitré de la Slovenska Kinoteka (Cinémathèque slovène) pour laquelle il a composé et interprété les bandes sonores de nombreux films (Mihael, de Karl Dreyer ; La chute de la dynastie Romanov d’Esfir Shub ; L’Impossible de Sylvain George ; Metropolis de Fritz Lang, entre autres.) Il a composé les bandes sons de courts-métrages d’animation, de documentaires et de longs-métrages dont certains ont reçu des prix internationaux. Il a également beaucoup joué au début des premiers films en direct au Portugal, au sein d’un trio formé avec António Pedro et Ricardo Freitas : Filmes Pedidos. Dans les domaines de la danse, de la performance et du théâtre, Eduardo Raon a collaboré avec Teja Reba, Loup Abramovici, Clara Andermatt, Álvaro García de Zúñiga & Teresa Albuquerque, Barbara Kapelj, Teresa Sobral et Bojan Jablanovec, pour n’en citer que quelques-uns. 

Sa complicité prolifique avec Álvaro García de Zúñiga et Teresa Albuquerque depuis 2010 a donné naissance à plusieurs versions théâtrales de l’opus central d’Álvaro : MANUEL & MANUEL DE LECTURE, Manuel sur Scéne – MANUEL DE IRRADIAÇÃO IRÁDIO-ACÇÃO ! Manuel do Oculto, MANUEL DE CONSERVE Y CONVERSE Y ACCIÓN, MANUEL D’DESLIVRES&D’ANSE, Manuel – Manual Musaico de Pó e Ética. Il a également composé la musique et le design sonore de Théâtre Impossible et MANUEL ARTSBIRTHRADIODAYS et a interprété plusieurs autres œuvres d’Álvaro García de Zúñiga comme Actueur, S/T, Elle rêve, pince-moi, Acte et Historia de pájaros matemáticos. 

Actuellement établi à Ljubljana, en Slovénie, il se produit le plus souvent là-bas, au Portugal et en Autriche, mais aussi en Allemagne, en France, en Serbie, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Russie, au Danemark, en Chine, en Belgique et en Macédoine. 

Il a joué et enregistré en solo, mais aussi avec I-Wolf, POWERTRIO, Goran Krmac Quartet, This Was What Will Be, Deolinda, Sofia Vitória, João Lobo, Wolfgang Schloegl, Turbamulta, Maria João e Mário Laginha, Bratko Bibic, Bypass, Ela Não É Francesa Ele Não É Espanhol et Last Night’s Show.

En tant qu’interprète, Raon a créé des œuvres de chambre et pour soliste de Clotilde Rosa, Eurico Carrapatoso, Ivan Moody, João Lucas, Joana Sá, Daniel Schvetz, Eli Camargo, Sebastian Duh et Fernando Lobo

Joana Sá

Lisbonne 1979. Pianiste, compositrice, improvisatrice

Née à Lisbonne en 1979, la pianiste, compositrice et improvisatrice Joana Sá exerce ses talents dans le domaine de la musique nouvelle/musique classique contemporaine. Elle est actuellement inscrite en doctorat ès musique (interprétation) à l’Université d’Aveiro, en tant que boursière de la FCT (Fundação para Ciência e Tecnologia). Titulaire d’un diplôme de premier cycle en piano, elle a étudié sous la direction de Caio Pagano et Paulo Álvares, à Lisbonne, Paris, Castelo Branco et Cologne. Elle a reçu une bourse INOV-ART en 2009 et une mention « honorable » du programme de bourses Ernesto de Sousa en 2010.

Joana Sá s’efforce particulièrement d’incorporer d’autres moyens et domaines artistiques dans ses œuvres. Sa première œuvre solo, Through this looking glass, filmée par le cinéaste et directeur de la photographie Daniel Costa Neves, a été publiée en dvd+cd par le label allemand Blinker – Marke für Rezentes, en 2011. Son travail actuel, IN PRAISE OF DISORDER, qui comprend des textes de Gonçalo M. Tavares lus par Rosinda Tavares, vient de sortir chez Shhpuma, une marque de Clean Feed Records.

Joana Sá a joué dans plusieurs festivals et dans le cadre des programmes de saison d’institutions de renom tant au Portugal qu’à l’étranger, comme le Teatro Maria Matos, la Fondation Gulbenkian, CCB, Casa da Música, Culturgest, Serralves, Kunst Station Sankt Peter (DE), Studium MusikFabrik (DE), Festival Música Viva (PT), Forum Neue Musik (DE), Ring Ring Festival (SER), Festival Jazz Cerkno (SL). En duo avec Luís José Martins, elle a enregistré l’album Almost a Song, en 2013, et en trio avec Luís José Martins et Eduardo Raon, POWERTRIO. Elle collabore fréquemment avec l’artiste visuelle Rita Sá : citons leurs installations de la Gallery of Visual Arts, 255 Canal (New York) et de Siggraph Asia (Yokohama). Joana Sá a composé des musiques de films, dont Tabu, de Miguel Gomes, nominé pour la meilleure musique aux Sophia Awards 2013. Elle a participé avec des artistes à des projets concernant divers genres musicaux (Deolinda, Simão Costa, Marco Franco, Nuno Aroso, Drumming GP et Peixe, entre autres).

En tant que coordinatrice avec Luís José Martins du département de musique du CENTA (Centro de Estudos de Novas Tendências Artísticas) à Vila Velha de Ródão (2007/08), elle a travaillé avec la communauté (Sons do Salgueiral, Concertos Improváveis), en parallèle avec la poursuite de projets personnels (50 anos – Cage, Concert pour piano e POWERTRIO – ensemble residente do CENTA). C’est dans cette optique qu’elle a participé à rExistir, projet mené avec des détenus de l’Instituto Prisional de Castelo Branco. Elle a également accompagné des résidences artistiques, des séminaires et des concerts qui se sont tenus au CENTA.

Joana Sá a enregistré pour des stations de radio telles que Deutschland Funk et SWR2, en Allemagne, et Antena 2, au Portugal, et a publié ses oeuvres par le biais de blinker, Shhpuma, Creative Sources et Centa.

Luis André Ferreira

Portugal 1979. Violoncelliste

Luís André Ferreira fut boursier de la Fundação Calouste Gulbenkian pendant ses études (Diplôme et Master) à l’Amsterdamse Hogeschool vor de Kusten (Conservatoire d’Amsterdam), où il a étudié avec Monique Bartels. Auparavant, il a suivi à Lisbonne le cours de violoncelle dispensé par le Professeur Luís Sá Pessoa, et ce en quatre ans seulement.

Il s’est produit en soliste avec l’Orquestra Clássica da Madeira, l’Orquestra do Conservatório Nacional de Lisboa, l’Orquestra do estágio das Escolas Oficiais de Música et l’Orquestra de Câmara Portuguesa.

En tant que membre du Quarteto Lacerda, il a publié un CD comprenant des œuvres de J. Haydn et a effectué une tournée en Chine, et une autre au Portugal, dans le cadre d’une commande de la radio nationale de musique classique Antena2.

Il s’est produit en soliste et dans des ensembles de musique de chambre en Hollande, en Allemagne, en France, en Espagne, en Belgique, en Chine, au Royaume-Uni et en Biélorussie.

Il joue fréquemment avec l’Orchestre Gulbenkian, l’Orquestra de Câmara Portuguesa, Os Músicos do Tejo. Il est membre du Quarteto Lacerda, du Sond Ár-te Electric Ensemble et de Turbamulta. Il enseigne également le violoncelle au Conservatoire National de Lisbonne.

Ces dernières années, il a développé une intense activité d’interprétation de la musique contemporaine, créant plusieurs œuvres de compositeurs portugais commandées par le Sond Ár-te Electric Ensemble avec lequel il a joué au Festival Música Viva (Portugal), au Festival AST 2015 de Grenoble (France) et à la Bayerische Akademie der Schönen Künste 2016 (Allemagne), entre autres. 

En 2017, dans le cadre de Turbamulta, il a lancé le premier album éponyme de l’ensemble sur le label Cleanfeed.

Luís José Martins

Lisbonne, 1978. Guitariste, compositeur, arrangeur et improvisateur

Tout au long de sa carrière, Luís José Martins s’est intéressé à des domaines aussi divers que la musique classique contemporaine et le format traditionnel de la chanson. Dans ces deux domaines, son approche musicale a laissé une marque distinctive dans tous les projets auxquels il a participé, de Deolinda à Almost a Song (avec Joana Sá), Powertrio (avec Joana Sá et Eduardo Raon) ou Turbamulta (avec Eduardo, Joana, Nuno Aroso et Luís André Ferreira).

Il a étudié la guitare classique à Lisbonne, Paris, Orléans et Castelo Branco, où il a obtenu son diplôme de guitare. A Paris, il a étudié avec le maître uruguayen Betho Davezac, ayant obtenu le Diplôme de Perfectionnement (Conservatoire Marcel Dupré, Meudon/Paris). Sa formation d’interprète et son intérêt pour la mythologie de la guitare ont été une constante dans son travail, tant dans la recherche d’une voix singulière que dans la création d’un son qui trouve sa profondeur dans les caractéristiques familières et le riche timbre de la guitare. En outre, il s’efforce d’explorer les limites de l’instrument à travers l’expansion des ressources idiomatiques et des techniques étendues, telles que l’amplification et l’électronique, les préparations et les scordatures. Le résultat le plus probant de son évolution et de ses recherches se trouve dans sa récente création ‘Tentos, invenções e encantamentos’ (tentatives, inventions et enchantements), un recueil de six pièces pour guitare classique, guitare préparée, électronique et percussion, édité par Shhpuma.

En ce qui concerne l’écriture traditionnelle de chansons, son travail a été largement acclamé, tant au niveau de l’arrangement que de la composition. Avec son frère Pedro da Silva Martins, il a écrit des chansons pour plusieurs artistes portugais de renom, tels António Zambujo, Ana Moura, Cristina Branco, Hélder Moutinho et Mariza. Son approche se base sur la recherche d’un discours musical créatif, fondé principalement sur la chanson portugaise et l’héritage de ses principaux créateurs.

En collaboration avec Joana Sá, il s’est investi dans la création de musique pour le théâtre, le cinéma et les projets pour enfants, le duo ayant coordonné l’espace musical du CENTA – Centro de Estudos de Novas Tendências Artísticas.

Se produisant régulièrement aussi bien en solo qu’avec ses différents projets dans les lieux les plus prestigieux, il a enregistré pour plusieurs des plus importants labels, stations de radio et programmes de télévision, tant au Portugal qu’à l’étranger.

Nuno Aroso

Portugal, 1978. Percussionniste, improvisateur

 « (…) Nuno Aroso place le son au centre de son enseignement.  Il s’intéresse à la relation de l’Homme à l’art dans sa forme la plus impénétrable. De cette quête d’une musique abstraite et palpitante naît l’émergence de la bande sonore inoubliable de notre vie, comme un film que nous pouvons ainsi colorier à l’envi. (…) » 

Valter Hugo Mãe 

« (…) Nuno Aroso raconte des histoires qui constituent un récit poétique, interrogatif, sonore et visuel, sur ce que signifie être ici, maintenant. N’est-ce pas, après tout, le but ultime de l’art ? (…) »
 

Jorge Castro Ribeiro

Largement reconnu comme l’un des percussionnistes les plus créatifs et les plus actifs de sa génération, Nuno Aroso considère l’activité de soliste comme fondamentale dans sa vie artistique. Particulièrement concentré sur le répertoire de percussion des XXe et XXIe siècles, Nuno Aroso collabore activement avec de nombreux compositeurs issus de différentes régions du monde et de domaines esthétiques variés. En résulte l’approfondissement d’un répertoire personnel singulier qui enrichit également la littérature pour percussions. Plus de 100 premières mondiales ont été créées par Nuno Aroso, premier à enregistrer une grande partie de ce répertoire. Peter Ablinger, Oscar Bianchi, Peter Klatzow, João Pedro Oliveira, Kumiko Omura, Luís Antunes Pena, Matthew Burnter, voilà quelques-uns des nombreux compositeurs qui ont écrit pour Nuno Aroso.

Il joue, enseigne et participe à des jurys aux côtés d’artistes, de chefs d’orchestre et de compositeurs de référence de notre temps, dans des festivals de musique contemporaine réputés comme Musica Strasbourg, Mäerz Musik, Festival Agora – Ircam, Connect Festival, Ciclo de Musica Contemporanea de Buenos Aires, et bien d’autres (Portugal, France, Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Slovénie, Brésil, Chine, Thaïlande, Afrique du Sud, Argentine, Canada, Suède, Grèce, Angleterre, Pologne, Bulgarie, Croatie, Tunisie, Corée du Sud, Chili, etc). 

Particulièrement motivé par l’enrichissement et le renouvellement du concept du concert comme expérience totale, Nuno Aroso noue fréquemment des relations artistiques avec d’autres disciplines : danse, cinéma, théâtre, littérature. L’engagement dans la musique de chambre, comme soliste ou comme musicien d’ensemble, a amené Nuno Aroso à collaborer avec de nombreux ensembles, orchestres et artistes différents dans le monde entier. Au cours des dernières années, Nuno Aroso a créé une série de duos thématiques avec d’autres instrumentistes. Il souhaitait souligner l’aspect caméléon de la percussion lorsqu’elle est associée à d’autres entités musicales. A partir de ce projet, un cd/livre proposant partitions et textes sélectionnés ainsi qu’une collection de cd et un documentaire filmé ont été publiés en 2017 sous le label de la télévision nationale : 3 ́30 ́ ́, Limine, Timpan et autres, Viscera, Magnet, Lignum.

Après avoir suivi à l’âge de 18 ans le cours de percussion de l’Escola Profissional de Música de Espinho, Nuno Aroso a poursuivi ses études universitaires à l’Escola Superior de Música do Porto (20/20 en récital de fin d’études), puis au Conservatoire National de Strasbourg, où il a obtenu le diplôme de soliste. A Paris, il aborde le répertoire du théâtre musical contemporain pour percussion sous la direction de Jean-Pierre Drouet. Pendant ses études universitaires, Nuno Aroso a participé à nombre de masterclasses et séminaires, à la recherche de références dans le domaine de la percussion et de la musique contemporaine. Nuno Aroso a obtenu le titre de Docteur en musique après avoir soutenu une thèse de doctorat intitulée “La narration du geste – Musique contemporaine pour percussion“, à l’Université Catholique, Portugal. 

En 2001, il a reçu le Prix du Mérite Académique de la Fondation António de Almeida et en 2008, le Prix des Créateurs du Centre National de la Culture pour le cd solo Technicolor.Chercheur au CITAR (Centre de Recherche en Science et Technologie des Arts) de l’Université Catholique, Portugal, il explore le Récit du Geste Percussif. Nuno Aroso intervient également comme conférencier et membre de comités scientifiques dans des conférences internationales au Portugal et à l’étranger.

LIENS INTERNET

Turbamulta :

Des solos :

Sites web :

https://cleanfeed-records.com/product/turbamulta/

http://www.luisjosemartins.com/

http://joana-sa.com/

https://www.nunoaroso.net/

https://eduardoraon.com/

Philippe Boivin :


[1] Une explication par Alvaro García de Zúñiga : « Manuel sur Scène est un projet auto-réflexif qui s’inscrit à la suite de mes autres textes (pièces, proses, poèmes) et vient pour moi en quelque sorte clore le deuxième cycle de mon théâtre. Le premier fut clos par Actueur, trois petits textes de « ni théâtre » qui bouclent, pour ainsi dire, le cycle de « mon écriture théâtrale ». Dans ce premier cycle – qui comprend les pièces “Théâtre Impossible”, “Le Théâtre n’est que du Cinéma”, “Sur Scène et Marne” et “Lecture d’un texte pour le théâtre” -, le texte est l’élément essentiel sur lequel tout tourne et retourne à chaque tour et retour. Dans la période qui suit – “radiOthello”, “Exercices de Frustration” et “Conférence de Presse” – l’écriture a, d’une certaine façon, été reléguée à une fonction plus instrumentale pour constituer plutôt le canevas des thèmes traités : la notion d’étranger, l’érotisme, la mort ou le pouvoir. Avec Manuel sur Scène, titre-valise s’il en est, le saut se fait cette fois dans plusieurs directions simultanément. Incorporant la possibilité de « revenir en arrière », à travers une sorte de « manuel (de comment se tenir) sur (une) scène », ayant un recours permanent à toutes mes pièces et textes antérieurs mais aussi à toute autre source qui puisse se révéler intéressante pour la mise en scène de ce Manuel. »